C’est un semblant de retour à la normalité qui se profile : deux événements phares de l’été culturel montréalais devraient bel et bien avoir lieu en 2021… mais à l’automne. Des versions réduites — mais publiques — les Montréalais et du Festival international de jazz de Montréal sont prévues pour l’automne 2022.

En théorie, la campagne de vaccination contre la COVID-19 devrait alors être pour l’essentiel terminée au Québec. Le gouvernement fédéral cible aussi septembre pour que les Canadiens soient « entièrement vaccinés ». Reste à voir si le pays pourra à ce moment-là accueillir des visiteurs étrangers et si les frontières interprovinciales seront ouvertes.
En 2020, les deux événements avaient déjà présenté des versions abrégées et tronquées. Le Festival international de jazz s’était tenu sur quelques jours à la fin juin, mais en version uniquement numérique, sans public. Les Francos avaient eu lieu dans une forme hybride à la fin septembre, avec trois spectacles devant un public restreint, juste à temps avant que Montréal ne passe en zone rouge et que les salles de spectacle ne ferment.
De l’espoir et du flou
« Ça fait des mois qu’on y pense. On s’est dit qu’en repoussant les festivals au mois de septembre, on met plus de chances de notre côté pour accueillir du monde en présentiel. Après, on est réaliste, on sait qu’il n’y a rien de certain. On surveille la situation sanitaire, la campagne de vaccination et on croise les doigts », indique en entrevue Laurent Saulnier, vice-président de la programmation d’Équipe Spectra.
Si cette annonce permet à l’équipe de lancer quelques préparatifs, de nombreuses questions demeurent en suspens : quelles mesures sanitaires seront encore en place en septembre ? Combien de personnes les festivals pourront-ils accueillir ? Quelle distanciation sera de mise ? Le public devra-t-il être debout ou assis ? Les kiosques de boissons et de nourritures seront-ils permis ?
Chose certaine, aucune invitation ne sera envoyée à des artistes internationaux pour le moment. « On va contacter des artistes québécois et canadiens essentiellement. On verra à la dernière minute — si les frontières sont ouvertes et si la quarantaine obligatoire est levée — si des artistes internationaux ont la possibilité de venir », poursuit M. Saulnier.
« C’est sûr que ceux qui peuvent se permettre de reporter de quelques semaines ou de quelques mois ont peut-être plus de chances d’accueillir des festivaliers », estime le président-directeur général du Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI), Martin Roy, qui s’attend à d’autres reports de festivals, surtout de ceux qui devaient ouvrir le bal au printemps. « Après, il faut aussi éviter de se retrouver avec une congestion avec la rentrée culturelle cet automne, sinon ça va être un vrai casse-tête. »
Parmi les festivals contactés par Le Devoir, le Festival Go vélo Montréal a d’ailleurs confirmé qu’au lieu de se tenir début juin, il devrait se dérouler vers la fin août ou au début du mois de septembre, si tout va bien. « La santé publique et la Ville de Montréal nous ont demandé de repousser nos dates. On leur a fait plusieurs propositions, on attend leur retour maintenant », précise Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec, qui organise l’événement.
Du côté des membres du Regroupement des festivals régionaux artistiques indépendants (REFRAIN), l’heure n’est pas encore à l’annulation ni au report. « Pour l’instant, personne ne compte bouger ses dates. Le milieu garde espoir de voir la situation s’améliorer avec l’été. En quoi tenir un spectacle en septembre serait-il alors très différent de le faire en juillet ou en août ? » soutient le fondateur du regroupement, Patrick Kearney.

Les discussions avec les autres organismes du milieu, la Santé publique, le ministère de la Culture et celui du Tourisme vont bon train, dit-il, espérant avoir un signal, un feu vert surtout, dans les prochaines semaines. Rappelons que les festivals artistiques et culturels ont été les plus touchés par la pandémie dans le secteur. Dans son budget présenté lundi, le gouvernement fédéral prévoit une aide de 200 millions pour les grands festivals.